Le bruit des bulles
Le bruit est omniprésent lorsqu’il s’agit d’évoquer la Résistance.
Qui n’a pas en tête le célèbre indicatif « Pom-Pom-Pom-Pom » annonçant chaque soir l’émission radiophonique « Les Français parlent aux Français » et sa célèbre ritournelle « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » sur l’air de la Cucaracha. Le son brouillé par les Allemands des « messages personnels », diffusés par la BBC pour annoncer des opérations de sabotage, des parachutages d’hommes et de matériel sur le territoire français, a marqué les consciences au point d’être systématiquement présent dans la littérature et les films qui traitent de la Seconde Guerre mondiale. Le bruit des bottes allemandes sur le pavé parisien incarne quant à lui immédiatement l’idéologie du IIIe Reich, le souvenir de la défaite et de l’Occupation.
Pour convoquer la mémoire sonore de la Seconde Guerre mondiale, scénaristes et illustrateurs de bandes dessinées se réfèrent à ces éléments connus de tous, repris de multiples fois dans les films de guerre : l’accent des Alliés ou des Allemands lorsqu’ils parlent le français, le bruit des sirènes, celui des bombardements, des tirs en rafale, du déraillement d’un train, des sonneries de téléphone, etc. Ils rendent ensuite la planche de BD « sonore » au moyen de différents procédés : une ponctuation et un lettrage expressif, permettant de varier les tonalités de voix en fonction des personnages et des situations ; une gestuelle spécifique ; enfin des codes mis au point pour matérialiser le son : les onomatopées associées à des symboles graphiques accentuant le « boum », le « bang » des explosions ou les « tac-tac-tac » des tirs de mitraillettes constituent un ressort essentiel qui ne cesse d’être exploré.