C’est le 22 mars 1933, peu de temps après l’accession d’Hitler au pouvoir, que le premier camp de concentration est mis en service. Il s’agit de celui de Dachau, installé dans une ancienne poudrerie désaffectée de la banlieue de Munich, en Bavière.
À l’occasion d’une conférence de presse, Heinrich Himmler (alors chef de la police locale, avant de devenir le plus haut dirigeant de la SS) le présente comme un camp « modèle ». Dachau serait destiné à protéger la population en y plaçant de façon préventive les opposants au nouveau régime, en majorité communistes et socio-démocrates, afin de les « rééduquer ». La mention « Arbeit macht frei » (le travail rend libre) est d’ailleurs inscrite sur le portail d’entrée, avant d’être reprise sur celui d’Auschwitz.
La presse salue cette initiative, mais la propagande autour du camp de Dachau ne sert qu’à masquer les véritables desseins du lieu. À partir de 1939, il devient en effet un réservoir de main-d’œuvre cosmopolite au service de l’industrie de guerre allemande : aux premiers occupants (les opposants au régime), s’ajoutent les « asociaux », les prisonniers de droit commun, ainsi que les déportés en provenance de tous les pays en guerre contre l’Allemagne. Hommes, femmes et enfants – parmi lesquels 5 700 Français – y sont confinés pour des raisons politiques ou raciales.
Particularité du camp, il sert de lieu de regroupement pour les prêtres et les pasteurs. Par ailleurs, un « bunker d’honneur » est destiné à des prisonniers de marque, otages du Reich, comme le Français Édouard Daladier. Au total, plus de 228 000 personnes passeront par Dachau, auxquels 169 camps annexes et kommandos extérieurs seront rattachés au fil de la guerre.
À Dachau même, les détenus, réduits à l’état d’esclaves, travaillent prioritairement pour l’armement. Affaiblis et affamés, ils sont soumis à des cadences quotidiennes insoutenables de 11 heures de travail. Les conditions d’hygiène déplorables sont propices aux épidémies, et les malades sont abandonnés à leur sort dans des blocks de quarantaine. Une résistance s’organise, sauvagement réprimée.
Le camp de Dachau est aussi un lieu « d’expérimentations médicales » : un certain nombre de détenus servent de cobayes pour mettre au point diverses techniques permettant d’améliorer les chances de survie des soldats allemands blessés au front.
Dachau dispose d’une chambre à gaz construite en juillet 1942, qui ne sera toutefois jamais mise en service. À la veille de la libération du camp, les conditions de vie se dégradent considérablement : la surpopulation engendrée par l’afflux de déportés d’autres camps, évacués par les Allemands à l’approche des Alliés, engendre une épidémie de typhus qui emporte son cortège de victimes. Le 26 avril 1945, les SS entraînent près de 7 000 détenus dans une « marche de la mort » vers le sud. Des centaines sont abattus en route au premier signe de défaillance ; d’autres ne survivent pas à la faim, au froid ou à l’épuisement.
Le 29 avril, le calvaire s’achève : Dachau est libéré par les unités de la 7e armée américaine.
Informations techniques
Article du pôle scientifique