Depuis son enfance, Jacqueline Jaillet voue une réelle passion pour la couture et suit des cours dans le domaine du textile. Décrite par ses proches comme une femme coquette et habile de ses mains, elle souffre, après la déclaration de guerre, des restrictions qui impactent fortement la mode.
Pour contourner les restrictions et rester élégante, elle confectionne ses propres vêtements et accessoires en retaillant dans toute sorte de textiles. Cette ceinture tressée témoigne des astuces développées pour procéder au remplacement des ceintures en cuir. Les fils de couleur entrelacés bleu et rouge sur fond de corde claire et de cuir blanc font discrètement allusion au drapeau tricolore. L'utilisation de sangles, de rubans, de papier mâché ou de paille tressée est également souvent d'usage pour réaliser ce type d'accessoire.
La ceinture de Jacqueline Jaillet se révèle être un témoignage précieux sur l'importance de l'élégance en France en temps de guerre, les pratiques du quotidien et la diffusion des habitudes de consommation dans la société. Symbole du système D et de l'adaptation quotidienne des femmes pour renouveler leur garde-robe, elle permet aussi de montrer comment la guerre influence l'habillement et bouleverse les mentalités.
Dès 1940, les restrictions et les pénuries s'imposent aux Français suite à l'instauration de la ligne de démarcation, au manque de main d'oeuvre et aux réquisitions allemandes en application des conventions d'armistice. Afin de répartir au mieux les marchandises, des tickets de rationnement sont mis en place à partir de l'automne 1940 et réglementent la vie quotidienne des Français. Les textiles, comme le cuir, le coton ou la laine, se raréfient et la population peine rapidement à trouver des marchandises aussi usuelles que du fil à coudre. Pour se vêtir et contourner le système du rationnement, chacun doit faire preuve d'ingéniosité et tirer partir de tout ce qui est récupérable : il faut faire du neuf avec du vieux.